Qu'il soit ou non pollué, l'air que l'on respire - et qui forme l'atmosphère - est à la base le même pour tout le monde. Sa composition reste étonnamment constante, qu'on vive à Bruxelles, Moscou, Paris, au Groenland ou à Kyoto. Invisible, l'air est omniprésent et universel. Il circule, voyage, parcourt l'ensemble du globe, prend la mesure des villes, des rues et des places, s'infiltre dans notre bouche, nos narines, les pores de notre peau, accompagne chaque mouvement de chaque instant, et son cortège de pensées et de rumeurs, transporte avec lui les éclats du temps, ces agitations par milliards, azimutées, continuelles, désordonnées, ici et là, au-delà des époques, des saisons et des frontières, les mémorise, s'en fait écho, en sorte qu'ils se trouvent absorbés, synthétisés et réinscrits, sans ordre prédéfini, dans les onze éléments chimiques gazeux qui le constituent. L'air apparaît alors pour ce qu'il est : une somme d'atmosphères et d'ambiances, une superposition d'existences à l'infini, de repentirs, de hasards, d'actions et d'aléas, essence même de la vérité - un reflet décomposé de la réalité.
Composition de l'atmosphère, onze éléments chimiques, onze récits d'une métamorphose en cours : entrez dans l'air du temps !