La lecture est une actualisation de la tradition culturelle.
«Opération conjointe du lisant et du lu», selon Péguy, elle instaure
une complicité entre l'auteur et son lecteur dans l'interprétation
d'une culture qui les rend tous deux ensemble plus humains.
Comprendre, ou plutôt se comprendre, c'est se faire ainsi complice
d'une pensée qui fait vivre. Chaque lecteur rend donc la parole au
texte écrit en l'actualisant dans une vivante et présente instance de
discours qui dit «je» et à laquelle il répond «moi». Pas le «je»
solitaire de l'égotiste, mais le «je» solidaire d'un «nous» qui se
découvre ainsi à la fois homme et moi. La lecture, en tant que
commentaire, au sens humaniste du terme, est un dialogue grâce
auquel des hommes, en commentant réciproquement leur discours,
cherchent à mieux se comprendre. Je vous présente donc ici, un
recueil de mes dialogues avec des morts bien vivants : Vico, Péguy,
Hugo, Stendhal, Michelet, Proust, Mann, Malraux et Camus.