Comprendre la délinquance française
La délinquance est un phénomène plurivalent, évolutif, qui met à mal le fonctionnement de la société. Le traitement politique habituel est insuffisant. Une certaine résignation découle de l'opposition traditionnelle sur le sujet entre les deux courants de gauche et de droite. « La gauche pense qu'en étant répressive la droite fabrique des délinquants, la droite quant à elle s'imagine qu'un supposé laxisme de gauche donnerait un blanc-seing aux voyous. » Mais à l'exercice du pouvoir les deux camps s'entendent à demi-mot pour maintenir le système en place, les uns en insistant sur les peines alternatives, les autres sur la construction de prisons neuves. Personne ne cherche en réalité à faire décroître les chiffres exponentiels des infractions. Le nouveau populisme pénal en profite pour accuser des populations cibles et proposer des solutions technologiques. Des politiques, des intellectuels, des journalistes et des spécialistes participent à cette diversion.
Pour juguler la délinquance et limiter les incarcérations, comment sortir de but en blanc du tout punitif sans avoir travaillé en amont les questions culturelles, économiques, sociales et politiques ?
Car le phénomène de la délinquance prend appui dans l'histoire. L'individu est « placé dans une société historiquement, culturellement et anthropologiquement marquée par la reproduction des inégalités et des injustices, une société désorganisée où les régulations culturelles, économiques et politiques font défaut ».
« Notre identité, notre pensée et nos actions sont déterminées par ce contexte culturel en place. » Il s'agit alors d'expliquer et de démontrer comment celui-ci influe sur les règles, les normes, les lois et les peines, et comment il produit de la délinquance. Et de rendre intelligibles à la population les fondements d'une réalité sociale que l'axiologie dominante n'éclaire pas.