À la différence des États-Unis, qui entretiennent avec Tocqueville une relation toute particulière, la France est loin d'avoir spontanément reconnu à ce dernier la place majeure qui lui revient. Il fallut attendre 1967 et la publication du livre de Raymond Aron, Les Étapes de la pensée sociologique, pour que les Français redécouvrent son importance.
Depuis lors, l'oeuvre de Tocqueville a donné lieu à de très nombreux travaux, relevant de champs différents. C'est que, si Tocqueville est d'abord un penseur politique, il est également un sociologue, un historien, un ethnologue, un moraliste - et aussi un écrivain, un très grand styliste.
Tocqueville prit tous les risques de l'engagement. Il fut l'homme des grands rapports sur les questions politiques et sociétales, sans jamais se départir d'une vision éthique : réforme carcérale, abandon des enfants, abolition de l'esclavage, colonisation de l'Algérie, dénonciation du génocide des Amérindiens, etc. Tel quel, il aura prêté à maints procès dont l'auteur de ce livre fait justice.
Mais surtout, il est instructif, pour ne pas dire impératif lorsqu'il s'agit comme aujourd'hui de refonder le politique et de repenser les modalités de l'implication citoyenne, de revenir vers une oeuvre qui releva avant bonheur, en son temps, un défi tout comparable.
Le présent ouvrage développe l'ensemble du parcours intellectuel et politique de Tocqueville et propose une vision renouvelée de son oeuvre. Il constituera la meilleure des introductions à un penseur que rencontrent nécessairement tous ceux qui, pour des raisons d'études ou par intérêt personnel, entendent réfléchir sur l'avenir de la démocratie.
Jean-Louis Benoît, philosophe, agrégé et docteur ès lettres, est professeur des classes préparatoires aux Grandes Écoles. Il est de longue date impliqué dans les études tocquevilliennes et dans l'organisation des événements qui en traduisent le renouveau, notamment dans le cadre du bicentenaire.