Pourquoi, depuis l'Antiquité, tant de guerres ont-elles duré si longtemps et ne se sont-elles achevées qu'en raison d'événements extérieurs, plutôt que par le verdict des combats ? En d'autres termes, pourquoi le sang versé sert-il si peu à atteindre la victoire ? Tel est le paradoxe profond et ignoré qu'un général russe passé du tsar au service des bolcheviks, Alexandre Sviétchine, a tenté de dénouer au lendemain de la Grande Guerre. Il a pour cela inventé une discipline mettant réellement les combats au service de la stratégie : l'art opératif.
Afin de donner aux lecteurs français une vision claire de ce qui constitue l'une des plus importantes révolutions dans la pensée militaire, Jean Lopez a mené une série d'entretiens avec Benoist Bihan, sans doute un des seuls stratégistes français à avoir assimilé en profondeur l'oeuvre de Sviétchine. Il en résulte un vaste tour d'horizon critique des guerres, depuis Périclès jusqu'à l'orée de notre siècle. Strategila, l'immense livre du penseur russe, est décortiqué, ses idées maîtresses exposées et éclairées par des exemples historiques. Quelle armée l'a compris et en a fait usage ? L'Armée rouge, oui, mais dans un cadre stratégique largement faussé. L'U.S. Army, et les armées de l'OTAN derrière elle ? Les Américains le prétendent, mais ce qu'ils entendent par « art opérationnel » est-il vraiment la même chose que l'art opératif ?
Au fil des pages, le lecteur est ainsi amené à entrer au coeur des doctrines et des cultures militaires, toujours entendues dans leur rapport à la politique. Cet ouvrage est un tour de force de vulgarisation accessible aux néophytes copime aux décideurs, aux militaires et aux passionnés d'histoire. Il constitue un formidable outil de compréhension de ce qu'est la guerre et, comme tel, il se destine à tout citoyen au moment où le fracas des combats se rapproche de notre pays.