Remettant en question des constantes transculturelles, ces «confessions
d'un anthropologue» critiquent ce que l'Occident entend par écologie
et économie, politique et religion, sous la double tutelle des cultures
gréco-latine et judéo-chrétienne. Après avoir fait partie intégrante
des projets de développement, l'anthropologie académique semble
aujourd'hui n'avoir abouti qu'à réduire les pays dits en développement
à une Mêmeté qui, en définitive, n'est qu'une récupération réductrice
délétère. Pis encore : en enfermant les Autres dans des carcans catégoriels,
l'anthropologie académique a contribué à leur occidentalisation autant,
voire davantage, que les anciens colonisateurs (missionnaires inclus)
ne l'ont fait. Il n'y a pas de pire pillage que celui de l'identité d'autrui.
Dire «Adieu» à ces ambiguïtés ne permet certes pas d'éviter toute
équivoque ethnocentrique, mais cela peut au moins aider à (re)
connaître l'existence d'anthropo-logies différentes. Ce sera toujours
cela de gagné pour notre avenir à tous, car c'est de la différence et de
la différentiation que naît le salut libérateur d'énergies inédites - et non
de la réduction d'un potentiel porteur de promesses plurielles à une
immondialisation monolithique.