Confiance et violence
Essai sur une configuration particulière de la modernité
Cet ouvrage est une exploration de la modernité occidentale hors de nos cartographies habituelles.
En effet, pour traiter de front son sujet - le rapport paradoxal que nos sociétés contemporaines nouent entre confiance et violence -, il utilise non pas une méthodologie propre à une discipline établie, mais une technique descriptive. De vastes survols alternent avec une concentration sur des détails, afin de compenser ce que la vue d'ensemble a inévitablement de trop schématique. Les approches sociologiques ou historiographiques appuient les développements puisés dans les philosophies politique et morale, la philologie, la littérature ou la poésie, voire le théâtre.
Trois questions sont tramées. Premièrement : comment en est-on arrivé au besoin spécifique de la modernité - européenne et transatlantique, issue des crises des XVIe et XVIIe siècles - de légitimer le recours à la violence, ce qui la distingue apparemment de toutes les autres configurations culturelles ? Deuxièmement : comment cette modernité parvient-elle à concilier ce besoin de légitimation - et la confiance qu'elle nourrit d'aller vers un avenir où la violence serait le plus réduite possible - avec la violence effective qu'elle exerce ? Troisièmement : pourquoi les excès de violence du XXe siècle, s'ils ont certes gravement entamé la confiance que la modernité a en elle-même, ne l'ont - pour le moment - pas amenée à se détourner de sa voie spécifique ?
Cette étude sur la confiance au fondement de tout pacte social, sur la violence corporelle, ou encore les rapports entre pouvoir et violence, est de ces travaux qui changent notre éclairage - ils braquent en quelque sorte les projecteurs sur un terrain connu mais d'une façon nouvelle, et veulent ainsi faire ressortir des zones restées dans l'obscurité, modifiant et les ombres portées et, plus en profondeur, nos perspectives communes. Elle ne concurrence pas d'autres regards sur la modernité, elle les complète. À condition que l'on en accepte le dépaysement premier.