Dans un contexte de mobilité internationale et à l'heure de l'intensification des mouvements migratoires où le contact des langues est inéluctable, une réflexion sur le rapport entre langue(s) et identité(s) s'impose, et plus particulièrement, sur les processus de construction et de déconstruction de l'identité linguistique. La langue pratiquée est, aux yeux des individus, l'un des principaux traits définitoires de leur identité mais la problématique de l'identité linguistique est plus ambivalente qu'il n'y paraît. Elle se construit et se déconstruit par intégrations successives, rejet et appropriation d'une ou plusieurs langues, au gré des migrations, des rencontres, des politiques adoptées, des contacts avec d'autres langues, des croyances et de l'imaginaire qui habitent le sujet. Souvent acquise par la naissance dans un territoire particulier, une nation ou une région donnée, la langue première peut aussi être transmise par filiation, héritée d'un ancêtre commun dont le souvenir relie et irrigue plusieurs lignées familiales en scellant leur identité culturelle et linguistique. Elle soumet ainsi aux sociolinguistes et aux didacticiens de nombreuses questions : le territoire est-il porteur d'identité linguistique ? Pourquoi et comment « marquons-nous » notre identité linguistique ? L'identité plurilingue existe-t-elle ? Parler la langue du territoire d'accueil pour le migrant ou le descendant de migrant, est-ce être « intégré » ? Quelle conséquence peut avoir l'appropriation de la langue du pays d'accueil sur la construction identitaire du sujet ? Ce sont autour de ces questions que se sont orientées les réflexions et les propositions des vingt chercheurs internationaux réunies dans cet ouvrage collectif.