
À la suite d'une gangrène, ma mère avait failli
être amputée, elle avait décidé qu'elle préférait
mourir plutôt que de s'éveiller sans son
pied. Elle exigeait d'être tuée. Elle n'avait
jamais pu se suicider, elle voulait que les autres
mettent fin à sa vie. Puisque le monde l'avait
fait naître, c'était au monde de la faire disparaître.
Elle s'était persuadée que seul le don de
son corps à la science lui permettrait d'obtenir
le droit d'une mort provoquée. J'étais allé la
voir à l'hôpital quelques jours après un pontage
qui semblait avoir réussi. J'étais assis à côté de
son lit, elle ne cessait de me dire qu'elle ne
savait pas où elle était, qu'elle ne comprenait
pas ce qui venait de lui arriver. Je tentais en
vain de la rassurer quand j'aperçus sur une
autre chaise un pied déposé parmi des vêtements
pliés, en attente de son usage. La cheville
blanche était lisse et la chaussure ressemblait
à une bottine avec son lacet déjà noué.
Nous publions uniquement les avis qui respectent les conditions requises. Consultez nos conditions pour les avis.