C’est en 1928 que Charles Le Goffic fait paraître ses Contes de l’Armor (la Côte) et de l’Argoat (le Bocage).
On pense immédiatement au « concurrent », Anatole Le Braz et à ses Contes du Soleil et de la Brume... Mais l’œuvre de Le Goffic est autre : ici la variété est éclectique dans les douze contes présentés. On passe des contes issus de la tradition authentiquement bretonne à des récits inspirés par les deux guerres que connut l’auteur : 1870 et 1914-18.
« Les Contes de l’Armor et de l’Argoat [...] viennent heureusement compléter ceux d’Au pays des pardons d’Anatole Le Braz dont les récits débutaient régulièrement le samedi, veille du pardon, pour s’interrompre curieusement le dimanche matin avant l’entrée en scène du clergé. Mais n’a-t-on pas prétendu que, républicain et laïc, Le Braz privilégiait la permanence de pratiques païennes dans les rituels du catholicisme, alors que Le Goffic, fervent catholique, s’intéressait plutôt à la façon dont sa religion avait réussi à absorber ce qu’elle n’avait pu faire disparaître du paganisme ? Libre à chacun de préférer se recueillir devant le menhir sous le croix ou au pied de la croix sur le menhir... », ainsi termine Jean André Le Gall sa présentation de l’œuvre de Le Goffic.
Voilà un livre de contes hors des sentiers battus, entre tradition et modernité, d’un auteur dont l’œuvre bretonne est à redécouvrir.
Connu et reconnu pour ces recueils de contes traditionnels et de romans régionalistes, Charles Le Goffic (1863-1932) a su prouver un incomparable talent de « metteur en scène » de la Bretagne éternelle.