Ne pose jamais une question à un chat
Leur nature se voit dans leurs yeux. De toute façon, ils ne peuvent que t'effrayer. À qui tiennent-ils compagnie ? Quand la lune luit haut dans le ciel et que la tourmente fait courber les arbres, que les ombres inquiétantes se tordent sous le gel, qui les attire hors du foyer ? Dis-moi un peu ? Ils doivent obéir. Et ils obéissent. On dit que c'est pour élire leur roi. Et il y a une raison à cela.
Phil Tierney était de Cavan. La ferme qui appartient maintenant à Boothman, c'était la sienne. Il m'avait donné un chat noir - le plus gros matou de la contrée. Plutôt tranquille mais, dans son oeil, le mal brillait. On avait l'impression qu'il savait à quoi rimait l'oeuvre du diable et que, quand il trônait sur son derrière, il prenait plaisir à y songer.
Un soir, j'étais assis là, il faisait un froid mortel. Le chat, plongé dans son sommeil, était couché en rond. Le vent s'acharnait contre le toit de chaume. On aurait dit le cri des oies sauvages volant devant l'astre nocturne. Le chat a bondi sur ses pattes, la toison hérissée, le dos arqué, la queue comme une anse de cruche. Il écoutait. Et soudain, chuintant et grondant, il s'est rué dehors, telle l'eau déferlante. Le vent se tut à l'instant.