Sade
Contes étranges
Sade est prisonnier. Il accumule les contes et nouvelles, dans une réflexion sur le sens du mal. En 1800, il publie onze récits sous le titre Crimes de l'amour, nouvelles héroïques et tragiques. Il les complète par des contes légers ou bizarres, qui paraîtront après sa mort : les Contes étranges. Ils regroupent des historiettes, qui relèvent de l'inspiration licencieuse propre aux conteurs de la Renaissance, et des contes et fabliaux, qui seraient les inventions d'un troubadour du XVIIIe siècle. Ces récits courts ne sont pas de simples essais en vue des grands romans. Ils constituent le pôle nécessaire d'une création romanesque qui fonctionne entre réalité et imaginaire, entre demande d'indulgence et revendication de l'outrance. Ils racontent la discordance du désir avec l'ordre social, de la réalité vécue avec les théories. Ils cartographient nos désirs comme nos hantises.
Avec deux reproductions en fac-similé du manuscrit de Sade.
« Lecteur, joie, salut et santé, disaient autrefois nos bons aïeux après avoir fini leur conte. [...] Je dirai donc comme eux : lecteur, salut, richesse et plaisir ; si mes bavardages t'en ont donné, place-moi dans un joli coin de ton cabinet ; si je t'ai ennuyé, reçois mes excuses et jette-moi au feu. »