En Allemagne, à côté de ceux des frères Grimm, les contes de fées les plus célèbres sont ceux de Musaeus (ou Musäus, selon l'orthographe allemande). Comme les Grimm, à qui il servit plus tard de modèle, Johann Karl August Musaeus entreprit à partir de 1782 de recueillir des contes auprès de sources authentiquement populaires et en fit des classiques par l'excellence de son style. Homme des Lumières avant tout, Musaeus fut pourtant par ses volumes de contes un des principaux précurseurs du romantisme.
En 1900, Albert Robida, dessinateur connu aussi bien pour ses caricatures que pour ses illustrations de grands textes, s'intéresse à l'oeuvre de Musaeus, dont il illustre un volume de contes traduits par Albert Pessonneaux. Sans doute fut-il sensible dans ces textes au côté à la fois fantastique et médiéval, qui lui permit d'épanouir les deux aspects les plus frappants de son immense talent, à savoir l'évocation magistrale du passé et une veine pour ainsi dire visionnaire, qui devance parfois les inventions les plus hardies du surréalisme.
Ce volume, depuis longtemps introuvable, est l'occasion de découvrir un classique de la littérature enfantine qui est aussi un joyau de la prose allemande. Les abondantes illustrations de Robida sont un atout considérable : elles exaltent merveilleusement la magie de ces contes.