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À l’instar de Stendhal qu’il admirait, André Suarès (1868-1948) est un écrivain pour « happy few » mais aussi l’un des grands esprits du XXe siècle. Ami d’André Gide, il n’a jamais soutenu Staline ; contemporain de Maurras, il n’a jamais versé dans le fascisme. À l’inverse, il a eu à subir les rigueurs du régime de Vichy qui l’a contraint à se cacher lors de la Seconde Guerre mondiale, et s’il est une voix, qui, dès les années 1920 et tout au long des années 1930, s’est élevée contre le fascisme en Italie et le nazisme en Allemagne, ce fut la sienne. Celle d’un prophète dans le désert. Fort d’un courage puisé dans les exemples d’Agrippa d’Aubigné, Chénier ou Hugo et de son seul génie verbal et visionnaire, il a décrit avec une acuité sans faille l’essence du totalitarisme qu’il a cernée comme nul autre en son temps en France. Il a mis en garde contre les dangers mortifères d’une déflagration mondiale qu’il a vue venir et combattu la « Bible des Gorilles » dont l’un des premiers il a dénoncé l’Apocalypse fatale. Il est temps de lire ces textes, en particulier sa Chronique de Caërdal, du nom du héros légendaire qu’il s’était choisi. Publiée entre janvier 1939 et juin 1940 dans la NRF, elle n’a pas été épargnée par la censure. Ces textes inédits en volume, composés dans une langue souveraine, restent d’une actualité brûlante.