Zarathoustra, le héros de Nietzsche, rencontre un ermite et s'étonne: comment cet homme peut-il ignorer que Dieu est mort? C'est un étonnement de cette sorte qui porte ce livre: la Littérature est morte, mais ses fidèles semblent l'ignorer. Certes, on continue à produire quantité de romans et de poèmes, mais ce n'est plus cette Littérature majuscule qui régnait sur la culture et qui était à la fois une certaine conception de la création, une certaine manière d'étudier les oeuvres et un certain découpage des institutions de savoir.
Pour analyser les évolutions de tous ordres qui condamnent cette majestueuse machine, ce livre prend pour point de départ la thèse défendue par Proust dans Contre Sainte-Beuve: étudier la vie d'un créateur ne serait d'aucun intérêt pour comprendre son oeuvre. À l'instar d'un Van Gogh en peinture, Proust représente - par son oeuvre comme par sa vie - une des figures les plus emblématiques de cet univers qui s'efface sous nos yeux. Sa thèse condense un certain nombre de présupposés aujourd'hui largement admis mais qui font obstacle à une appréhension du fait littéraire.