«Jamais la théorie ne fera pratiquer.» «Il y a une idée dans ce qui est fait.»
Contre un Boileau refait en prose l'art poétique enveloppé dans des poèmes. C'est
une théorie intérieure et exposée, «sentimentale», qui voit des possibles modernes,
raccorde au battement de l'époque pour compromettre l'ordre des choses.
Répondant à une «commande philosophique», j'essaie de reconstituer le
procès du poème et d'articuler des notions induites avec le temps. À défaut
de préceptes purs, l'élaboration de la pensée dans le vers se dramatise en idées
phrasées auprès du poème. L'art poétique est un manuel où des noms sont des
gestes futurs (Horace, un Boileau, La Fontaine, Kleist, Verlaine, un Ponge...) ;
les citations suivies, commentées-critiquées, analysées, produisent des intervalles
utiles à l'horizon du vers. Il faut dire pourquoi le vers libre a des droits
au discours plutôt que le devoir de ne pas être un vers. Son utopie intéresse
chacun. Ce qui vient n'a pas eu lieu.
Un jansénisme expérimental suggère des interventions dans la langue parlée.
La poésie, non disciplinaire, avoisine les proses circulantes, qu'elle anime et
déplace. Boileau est ici le prête-nom d'un mariage de Forme et d'Intellect, qui
soumet la Forme à l'Intention au titre d'une «langue révérée» : «Ce que l'on
conçoit bien s'énonce clairement/ Et les mots pour le dire arrivent aisément.»
La danse du poème serait esclave de la marche de l'idée avant l'expression. Mais
l'oreille dit Non, et la gorge avec elle. Et le poème peut marcher : l'intention
est dehors.