Cordelia la Guerre
« Elle est soleil et pluie et autre chose, c'est la toute-puissante Cordelia qui réunit la pluie que portent les héros sur leurs épaules (héros qu'on voit, par exemple, enfourcher des chevaux blancs et galoper dans les nuits d'inondation) et le soleil que portent les mêmes (canicule, fardeau saignant et adoré), elle est la toute-puissante qu'on ne regarde ni de face ni de près, elle est celle qui ne dit mot puis pleure puis dit père, comme un caillou. Qui rencontre des hiboux poignardés dans les forêts sur les troncs des arbres. Il y a autre chose.
Elle dit autre chose.
Elle dit : femmes, femmes, mes soeurs. Elle est toute blonde, porte un corsage décolleté et une robe blanche, Cordelia qui avance dans les forêts touffues accompagnée d'hommes d'armes, ses larmes sont des diamants et ses sourires des perles ; une douleur comme la sienne. La femme sans honte et toute blanche dans la forêt. La femme homme-soldat. »
« Une furie ramassée dans le corps et l'image d'un oiseau. Mettons-nous en route. Suivons l'oiseau de nuit qui est venu de jour. Il est venu pour nous. »
Une voiture en feu, une amnésique, de mystérieux rubis, et la guerre sourde qui balaie tout sur son passage. Cordelia la Guerre est un roman en feu, multiple, ambitieux qui, tout en jouant avec les codes du roman policier, de l'épique et du mythologique, propose une relecture contemporaine du Roi Lear. Il nous emmène dans un tourbillon dont le souffle met au jour la matière d'un monde qui s'effondre. C'est en réalité notre contemporain qui se joue sous nos yeux, et Marie Cosnay en révèle toute la densité sociale et politique.