Corneille entre les lignes
Corneille, critique de Shakespeare
Alidor ou L'indifférent, déguisement pastoral
Corneille défiguré
L'oeuvre de Corneille en rapport avec celle de Shakespeare ? À la réponse traditionnelle, « rien », « néant », « pas du tout », il faut sans doute substituer une approche plus réfléchie. Ces voiliers du port de Rouen véhiculaient tout de même, à fond de cale, quelques livres. Sachant aujourd'hui que Corneille connut et exploita les Anglais Massinger, Beaumont et Fletcher, Shirley, la question n'est plus de demander si, mais d'analyser comment, il envisagea l'oeuvre shakespearienne.
L'attribution à Corneille (comme essai de jeunesse) de la pastorale manuscrite d'Alidor ou l'Indifférent, publiée en 2001, est assez bien établie. Une étude originale refait ici le point.
Si l'on ajoute un coup d'oeil ingénu sur les premières comédies, on découvre les intuitions fulgurantes, encore mal appréciées, d'une vie vouée au triomphe du théâtre moderne.
On profitera de cette brise de renouveau pour préférer l'oeuvre de maturité aux tragédies ambigües qui suivaient le Cid, et pour balayer les légendes bien-pensantes qui desservent ce poète lucide et clair. Son professionnalisme demeure, ses leçons parlent à notre temps, mieux encore qu'au sien. On devinera en outre l'originalité, aussi puissante que méconnue, de la période- charnière primordiale que fut le début du XVIIe siècle.