Corps au paroxysme : le numéro 3 de Sensibilités. Histoire, critique & sciences sociales, la revue de sciences humaines qui a pour cœur l'exploration des champs du sensible.
Pour son troisième numéro, la revue Sensibilités explore la part obscure, souterraine, sinon maudite, de la vie sociale. Elle se met en quête des situations extrêmes et des expériences-limites qui dessinent les bords de l'humaine condition. À travers les visages de l'ivresse, de l'extase, de l'obscène, de la fureur ou encore de l'effroi-panique, dans les douleurs de l'accouchement ou les spasmes de l'agonie, dans les cruautés du massacre, dans les vertiges de la transe ou de la liesse, dans les secrètes voluptés de la luxure comme dans les puissances transgressives du délire, Sensibilités s'en va traquer les corps au paroxysme...
Rien de commun ici, voudrait-on croire. Sinon peut-être ceci : désigner chaque fois la séquence la plus aiguë d'une affection. Et, par là, le comble du vivre. Soit ce point au-delà duquel quelque chose paraît s'arrêter. Soit ce qui dans l'expérience vécue peine toujours à se dire. C'est peut-être d'abord à cela que se reconnaît le paroxysme : sa sous-verbalisation. Car, d'emblée, celui-ci nous projette sur les cimes inquiétantes du langage, aux bornes mêmes de la représentation. De là, pour le chercheur, les souveraines vertus d'une pareille enquête : celles d'ébranler jusqu'aux dernières certitudes, d'inquiéter tout le savoir.