Le corps ressenti, la chair, ne coïncidera jamais avec le corps qu'on
aperçoit en extériorité. Le corps est une interpellation et un mystère :
il est fragile et habité par un désir infini. Le corps commun est la vocation
ultime de l'humanité, qui, par essence, ne se fait pas sans déchirement.
Jésus nous appelle à mettre au centre les corps blessés. Les corps
pauvres sont divers ; l'embryon, la personne âgée, l'immigré clandestin ;
les blessures sont diverses : le handicap, la violence, la torture,
la mort. Contempler les blessures du corps aide à mieux comprendre
le corps. La blessure est toujours plus grande que ce que notre esprit
en sait : ce n'est pas un accident superficiel extrinsèque, que le progrès
va bientôt éliminer, mais une composante centrale et vraie de l'itinéraire
de tout corps.
La dialectique corps/chair est le soubassement de tous ces rapports.