De 1942 jusqu'à la mort de Saint-John Perse en 1975, Alain Bosquet et
Saint-John Perse n'ont pas cessé de correspondre. C'est à peu près la
totalité de cette correspondance (117 lettres retranscrites) qui est publiée
dans le présent ouvrage. Saint-John Perse «travaille», crayon en main,
sur les lettres qui lui sont adressées, avant d'y répondre, anxieux pour la
vie publique de son oeuvre, préoccupé par la question de ses manuscrits
perdus. La mise au point du volume Seghers est au coeur de l'intérêt que
présente cette correspondance. Pour Saint-John Perse, l'essai d'Alain
Bosquet sera chargé de représenter une orthodoxie dans la lecture de ses
oeuvres, et cette correspondance le montre clairement. Le Paris littéraire
d'après-guerre est en arrière-fond. Il est question de Valery Larbaud, de
Jean Paulhan, de Marcel Arland, de Roger Caillois, de Cioran. Fin 1959,
profitant d'un séjour de Saint-John Perse à Paris, Alain Bosquet organise
une petite réunion avec de jeunes poètes : Yves Bonnefoy, Pierre
Emmanuel, Luc Estang, Robert Sabatier, Charles Le Quintrec.
Mais ce qui caractérise le plus ces lettres, c'est la fidélité absolue qu'a
eue Alain Bosquet à son admiration pour le poète qu'est Saint-John
Perse et pour sa poésie. La notoriété de Saint-John Perse est en partie
redevable à Alain Bosquet, qui, à sa génération, a été, avec Roger Caillois
et Pierre Guerre, son premier soutien.