Il est rare que les modernes aient accès aux lettres
authentiques d'un Romain cultivé, influent et, qui plus est,
fondateur d'une école rhétorique qui a grandement
influencé la littérature postérieure. C'est cette chance que
nous offre la correspondance de Fronton. En effet, les lettres
du professeur de rhétorique à Marc Aurèle, Lucius Vérus,
Antonin le Pieux et aux autres personnages importants du
IIe siècle donnent l'occasion d'entrer dans l'intimité du
pouvoir ; mais, plus encore, elles révèlent un penseur qui se
questionne sur les raisons et les finalités de la parole, sur les
relations difficiles entre la rhétorique et la philosophie, sur
les liens nécessaires qui doivent unir l'expression publique
et l'autorité d'un Empire. Par ailleurs, ces lettres trahissent
une relation humaine, où le professeur, parfois faible, parfois
malade, trouve le réconfort de ses vieux jours dans la beauté
du talent d'un Marc Aurèle lumineux et tendrement aimé.