Composée de près de 150 lettres échangées
entre 1928 et 1950, cette correspondance
s'est développée principalement à partir de
1943, date à laquelle Jean Amrouche, ayant
conquis à Tunis l'amitié de Gide, devient l'un
de ses interlocuteurs privilégiés.
Une première période permet surtout de faire
connaissance avec Amrouche, ce Kabyle qui
vient à Gide sans rien renier de sa culture, et
qui espère même la développer au contact de
l'influence française.
La seconde période (120 lettres entre 1943 et
1950) constitue un document d'histoire
littéraire, dans la mesure où la fondation de
L'Arche en 1943 va d'abord unir les efforts
des deux hommes à Alger, puis entraîner
Amrouche dans le maquis éditorial parisien.
L'autre grande affaire de ces relations est la
préparation, puis la réalisation des entretiens
radiophoniques, Amrouche inventant un genre
qui allait être sa plus belle réussite. De façon
plus discrète se révèle une dimension
historique : après les démêlés de Gide avec
les communistes, c'est Amrouche qui se
trouve de plus en plus écartelé entre son
amour de la culture française et sa fidélité à
ses origines.
Au total, c'est un dialogue complet qui
s'établit, donnant à la figure du dernier Gide
un éclairage nouveau en la replaçant dans
l'atmosphère de l'après-guerre.