La correspondance entre C. G. Jung et Erich Neumann est d'abord un dialogue confiant et amical entre le grand penseur, fondateur de la « psychologie analytique », et son disciple sans nul doute le plus brillant, né à Berlin, réfugié à Tel Aviv dès 1934, et promoteur de l'école jungienne en Israël.
On y voit Jung et Neumann s'entretenir longuement, souvent avec passion, de l'inconscient collectif - et alors que l'antisémitisme sévit en Europe -, du judaïsme et de sa spiritualité, de la place des Juifs en Occident, du sionisme naissant... Aux interrogations maintes fois abruptes du jeune médecin en exil, le maître de Zurich, de trente ans son aîné, répond avec clarté, avouant même qu'il apprend beaucoup de cette confrontation.
De Zurich à Tel Aviv, cet échange épistolaire - qui s'interrompra peu avant la mort précoce de Neumann, en 1960 - nous permet d'apprécier ainsi la rare densité d'une conversation entre deux esprits de haute volée, à une période tragique de notre Histoire.