Un grave penseur a suggéré que l'âge adulte ne sert à rien qu'à exaucer les désirs irréalisés de l'enfance. La nôtre a coïncidé avec le grand aggiornamento du début de la deuxième moitié du siècle dernier, le printemps du monde auquel a succédé, très vite, l'automne qui pèse toujours sur la terre. Nous semblions voués, comme nos devanciers, à ne rien entendre à ce qui se passait et nous concernait. Que nous ayons été les contemporains d'une conjoncture d'exception, c'est, rétrospectivement, l'évidence. Encore fallait-il un détonateur pour libérer les énergies soudain rassemblées, fendre la muraille, briser les barreaux de l'isolement, de l'ignorance, du silence.
Le sort, les puissances occultes ont désigné Jean-Paul, qui s'est mis aussitôt en chemin. Il n'était plus que de le suivre. Mais l'aventure était à ce point déconcertante et neuve que ses échos roulent toujours plus d'un demi-siècle plus tard, ce qui explique ce besoin d'y revenir, cette correspondance.