Correspondance
(1873-1903)
« Vaincre la mort », telle est, presque tout au long de sa vie, l'obsession de Nikolaï Fiodorov. Sa « grande idée » ? Ressusciter les générations disparues. C'est ce qu'il appelle « l'oeuvre commune », à laquelle l'humanité doit s'atteler toutes affaires cessantes - seul moyen de retrouver le sens perdu de la vie, d'atteindre à la plénitude de l'existence. Pour y parvenir l'homme doit maîtriser la « force aveugle de la nature », afin de sauver par la Raison non seulement la planète, mais aussi « l'univers infini ». Philosophe chrétien, prenant l'Évangile au pied de la lettre, Nikolaï Fiodorov passe le plus clair de son existence à développer et coucher sur le papier les éléments de sa Philosophie de l'oeuvre commune, publiée en russe après sa mort, grâce à l'immense dévouement de ses deux principaux disciples, Vladimir Kojevnikov et Nikolaï Peterson.
Si la Philosophie de l'oeuvre commune fait le bilan des théories et recherches de Fiodorov, sa Correspondance permet d'en suivre la gestation. Les 281 lettres présentées ici couvrent une longue période : elles vont d'août 1873 à octobre 1903. Elles sont adressées à ses disciples, mais aussi à d'autres correspondants, tels que le philosophe Vladimir Soloviov, des éditeurs et jusqu'aux plus grands penseurs de son temps... Au fil des ans, le lecteur voit se construire, avec des hésitations, des tergiversations, des explications détaillées, ce que l'on trouvera ensuite, d'un bloc, dans la Philosophie.
Utopique, la pensée de Fiodorov ? Sans doute. Il n'en demeure pas moins que les idées, les interrogations du philosophe sont toujours aussi stimulantes, particulièrement lorsqu'elles sont exposées avec la spontanéité de la Correspondance. Peut-on nier que les rapports avec la nature, les questions de météorologie, l'urbanisation excessive, la maladie, la mort, la faim, la conquête de l'univers soient d'actualité ?