On connaissait les lettres de Retz à son secrétaire, l'abbé
Charrier, envoyé à Rome pour hâter sa promotion au
cardinalat. Les réponses de ce dernier semblaient à jamais
perdues. Leurs minutes, ainsi que la clef du chiffre de cette
Correspondance sur l'Affaire du cardinalat ont été
retrouvées par l'éditeur de ce troisième tome des OEuvres
complètes de Retz. Les dépêches de Charrier qui rendent
fidèlement compte de ses démarches au jour le jour, parfois
heure par heure, représentent un témoignage d'une
importance exceptionnelle sur les rapports ambigus entre
Retz, Anne d'Autriche, et plus indirectement Mazarin.
Elles permettent en particulier d'apporter une réponse
décisive à la question de la prétendue révocation de la
promotion.
Les lettres de Charrier ont été intercalées ici dans la
chronologie de celles de Retz. L'ensemble forme une sorte
de dialogue empreint de la plus grande confiance, entre
deux hommes d'esprit se croyant à l'abri d'un chiffre
inviolable, et se comprenant à demi-mot. Parfois le
secrétaire anticipe sur les consignes, ou les corrige avec
bonheur en tenant compte du contexte romain de l'époque ;
sa liberté de parole étonne et révèle indirectement
l'ouverture d'esprit du maître. Les lettres de Retz à Charrier,
quelques années avant les premières Provinciales, sont
écrites dans une prose alerte, vigoureuse, d'emblée précise,
qui les rend étonnamment proches de la nôtre.