En affichant, à partir de 1932, sa sympathie pour le communisme, André Gide avait vu venir à lui de nombreux jeunes gens, souvent prolétaires, écrivains en herbe pour certains, qu'il avait à coeur de soutenir et de guider. Parmi eux, Jean Malaquais est le plus remarquable, pour son caractère rugueux comme pour son génie créateur. Juif athée, communiste trotskiste, polonais émigré, polyglotte virtuose, Malaquais était par définition non récupérable, bien placé pour s'accorder avec Gide, l'insaisissable Protée. Leur dialogue fut riche et se prolongea par-delà la séparation quand, grâce à Gide, Malaquais parvint en 1942 à quitter la France. Installé en Amérique, il allait, avec Planète sans visa, écrire le grand roman de la France occupée.