Prisonnier ou contraint à l'exil pendant plus de neuf ans,
de décembre 1652 à février 1662, Retz lutta vaillamment
pour tenter de garder l'archevêché de Paris dont Mazarin
voulait le dessaisir. L'ensemble des différents écrits qui
témoignent de ce long combat : lettres, mandements,
circulaires, documents et actes divers, constituent, parmi
l'ample production épistolaire du Cardinal, une oeuvre à
part. Le point de vue rhétorique adopté dans ce quatrième
tome des OEuvres complètes de Retz, ainsi que dans les
précédents, accorde une large place à l'étude de la forme.
Par rapport à ses OEuvres oratoires, comme ses sermons
de jeunesse, ses harangues à l'Assemblée du clergé ou au
roi, les Lettres épiscopales marquent une évolution très
nette vers une plus grande sobriété d'expression. Le
sentiment de l'urgence finit par dissoudre ce qu'il pourrait
y avoir encore de superflu dans la pensée ou dans
l'expression. L'humilité imposée par l'infortune et la
disgrâce rabaisse, au fil des années, les velléités de la
«grande éloquence», et lui tord le cou. Du fond de la défaite
émerge un art pur, élégant, dépouillé. Il apparaît ainsi
qu'outre leur intérêt par rapport à l'histoire politique,
ecclésiastique, ou à la biographie de Retz, les Lettres
épiscopales se signalent par une valeur littéraire de
premier ordre, à l'égal des Provinciales, leurs contemporaines.
Il serait pour le moins injuste de méconnaître la
place qui leur revient dans l'histoire de la prose française.