C'est un fragment d'enfance au temps de Radio Days. Une
gamine éperdue, dont les pensées ne cessent de tourbillonner,
s'interroge sans fin sur l'avant, l'après d'un incroyable
instant. Elle mène, dans un décor paisible de briques rouges
et de lilas, une guerre secrète, acharnée, pour achever de se
constituer, pour se reconstituer malgré la cassure. Elle
cherche des issues à sa stupeur et se consume dans l'attente.
«La cour de notre maison était comme un théâtre à ciel
ouvert... Selon les saisons, j'admirais la blancheur de la neige
ou du lilas, mais aussi la verdure, les rayons du soleil, la pluie,
le vent, et, d'une façon générale, les intempéries, que je comparais
aux dérèglements des personnages qui jouaient dans les
pièces. L'un deux s'appelait l'Absent. C'était un homme mystérieux
dont les autres parlaient avec un mélange d'espoir et de
colère.»