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Ce volume important repense les sources courbétiennes et propose un éclairage inédit sur la relation complexe entre Gustave Courbet et la peinture italienne, malgré la "propagande" anti-académique souvent menée par l'artiste. Gustave Courbet a admiré et étudié les grands tableaux du passé - au Louvre, dans les musées, dans les églises, pendant sa jeunesse et au cours de ses rares visites hors de France. Pourtant, jamais n'a été réalisé de travail systématique sur ses sources: une lacune qui a de multiples raisons, que le présent volume éclaire finement.
En effet, l'historiographie a largement négligé le regard de Courbet sur l'art italien, l'artiste lui-même s'étant souvent moqué d'une certaine tradition italienne célébrée par les peintres académiques de son temps; il prenait pour cible le mythe de la recherche d'une beauté idéale. Car qualifier de "filous" le Titien et Léonard et juger l'oeuvre de Raphaël "dénuée de toute pensée" revenait pour Courbet à railler ses contemporains, peintres de l'Académie, ayant Ingres pour maître. Il s'agissait donc de combattre l'art académique par une contre-proposition décalée, tournée plutôt vers le maniérisme italien et les écoles vénitienne et bolonaise des XVIe et XVIIe siècles. Courbet lui-même a contribué à brouiller les sources et les références des oeuvres dont il se nourrissait et qu'il admirait le plus: cet essai se propose de relativiser "la vérité" des déclarations publiques de l'artiste, par l'étude de son discours et de ses propos intimes: ses lettres privées et sa propre collection de maîtres italiens.