Cette histoire parle d'un fleuve, d'une femme tombée
amoureuse de ce fleuve, et de leur fils devenu voleur
avant de connaître une triste fin.
Si on les juge, que diront-ils pour se justifier ? La femme
balbutiera : j'ai aimé. Son fils dira : j'ai eu foi. Les eaux
du fleuve garderont le silence, mais la loi n'a pas de prise
sur elles.
À la fin, le voleur voudra écouter le tic-tac d'une montre.
La femme demandera la clémence pour son mari, mais oubliera
complètement son fils. Le fleuve continuera de couler
et pleurera ceux qui sombrèrent dans ses eaux. Ayant
pleuré tout son soûl, il se desséchera et s'enlisera dans le
sable, et les hommes marcheront dans son lit aride.
Je crois aux mots, comme un voyageur fait confiance
au fleuve quand il s'y engage en barque. Les mots me
portent, et la forêt de la vie des autres se dresse des deux
côtés. Où accosterai-je ? Où est celui qui me murmurait
des mots d'amour la nuit ? Je ne me souviens ni de son
nom ni de la ville où cela s'est passé. En se retournant, le
voyageur remarque qu'il ne reconnaît plus le chemin qu'il
a parcouru.