Pour habituelle qu'elle soit, dans le langage commun de différents champs du savoir, la notion de création n'est pas claire a priori, elle suppose une élucidation rigoureuse, et d'abord du sens qu'elle a dans le domaine théologique.
Entendue comme acte du Dieu unique et transcendant, la notion de création vise à l'origine radicale des choses. Le même mot création renvoie aussi bien à l'acte créateur qu'au résultat de celui-ci, le monde dans lequel l'homme vit. Ainsi que le montre l'auteur, «les notions de monde et de création ont une valeur d'horizon car elles se déplacent avec le progrès du savoir». Et c'est cette image de l'horizon qui permet de «présenter la notion de création comme la condition de l'activité humaine, de l'acte de pensée et de vouloir».
Sans éluder la question du mal, Jean-Michel Maldamé conduit son lecteur avec sûreté vers la découverte de cette notion centrale. La création est alors appréhendée comme présence qui «permet de sortir du pessimisme angoissé qui sépare dramatiquement l'ordre de la nature de l'ordre de la grâce ou encore oppose comme des contraires éros et agapè. Elle écarte le positivisme qui cherche dans la notion abstraite de Nature une suppléance au surnaturel. Ainsi il apparaît que la création n'est pas le préalable, ni le premier moment de l'oeuvre de Dieu, mais l'acte toujours actuel de son amour qui donne à chaque moment le processus par lequel toutes choses sont et adviennent à elles-mêmes».