Basé sur plus de 2 000 affaires civiles et criminelles tirées des fonds de deux
«justices de village» de l'ouest de la France, le livre de Fabrice Mauclair
propose une description «au ras du sol» des crimes et délits, ainsi que d'une
partie des litiges, qui se commettaient dans les campagnes françaises au
XVIIIe siècle. En n'écartant aucun type de déviances, l'ouvrage dresse ainsi
un tableau quasi exhaustif de la criminalité, bien souvent ordinaire, qui avait
cours dans la France rurale des Lumières.
L'ouvrage se présente avant tout comme une succession de petites
chroniques judiciaires rendues vivantes grâce à un large recours aux
documents d'archives, certaines affaires ou certains types de crimes faisant
par ailleurs l'objet d'un traitement particulier.
En proposant des histoires de crimes plus qu'une histoire de la criminalité
et de sa répression, le livre de Fabrice Mauclair offre ainsi la possibilité de
découvrir de l'intérieur la société rurale et bien plus encore le fonctionnement
réel de la justice au XVIIIe siècle, une justice qui apparaît au bout du compte
«plutôt douce», pour reprendre la formule de Benoît Garnot dans sa préface,
constat qui devrait contribuer à faire tomber bien des préjugés à propos
d'une justice d'Ancien Régime souvent décriée. En faisant le récit de toute
une série de «crimes au village», le livre de Fabrice Mauclair permet enfin de
croiser le chemin de toute une série d'individus, des plus humbles aux plus
favorisés, tel Antoine Dupré, sieur de la Carte, un gentilhomme campagnard
à la personnalité et au parcours criminel tout bonnement effarants.