Il était une fois un État de sécurité. Cet État imaginaire rappelle quelque
peu notre univers enfantin. Loin des clichés d'enfants innocents jouant
sagement entre eux, riant joyeusement et s'amusant dans la bonne humeur,
il s'agit d'un monde dur et cruel pour les plus faibles. C'est un univers
impitoyable où ceux qui sont différents sont mis à part.
L'État de sécurité se veut démocratique et respectueux des droits de
l'homme. Pourtant, il se montre intransigeant en prenant des mesures
toujours plus sévères afin de satisfaire une population inquiète qui réclame
davantage de sécurité. Subissant quotidiennement les incivilités et harcelée
sans répit par la criminalité, elle aspire à retrouver un monde pacifié et
apaisé, débarrassé des assistés et des profiteurs du système, des délinquants
multirécidivistes, des fous dangereux ou encore des pervers sexuels. Bref,
tous ceux qui menacent la société des «bons citoyens» et des «honnêtes
gens».
Bien entendu, selon la formule consacrée, toute ressemblance avec des
faits récents dans un État qui nous serait familier serait purement fortuite
et involontaire.