Cris rassemble les nouvelles de la période du 4 mai 1919 où s’épanouit le mouvement pour la Nouvelle culture, qui revendique l’usage de la langue vernaculaire et s’en prend au moralisme confucéen. Certaines d’entre elles, comme « Le journal d’un fou » ou « L’édifiante histoire d’A.-Q », sont devenues canoniques. D’autres, comme « Terre natale » ou « L’opéra de village », représentent sur un mode élégiaque la Chine rurale du bas-Yangtse dans laquelle a grandi Lu Xun.
Ce recueil, qui balance entre la dénonciation iconoclaste et la nostalgie d’un monde perdu, se compose donc de « cris » ambigus, dont l’auteur ne se soucie guère de savoir s’ils sont « hardis ou tristes, s’ils inspirent la haine ou le ridicule », et dont la seule gloire sera d’éveiller une petite minorité de lecteurs à « la souffrance d’une mort imminente et irrémédiable ».