Crise sociale et transformation des entreprises
À la différence des crises externes (catastrophes naturelles, industrielles, environnementales), soudaines et inédites, les crises sociales de modernisation gestionnaire renvoient à un processus de transformation mal engagé, produisant des effets sournois et insidieux. Un mode de fonctionnement dégradé s'installe progressivement, générant des situations de confusion, de malaise et d'incompréhension. Quatre enquêtes de terrain, ayant fait conjointement l'objet d'une intervention sociologique, sont mobilisées pour montrer comment un dérèglement social et des troubles parfois violents peuvent envahir les mondes du travail contemporains.
Sont ainsi mises en évidence différentes dimensions constitutives de la crise sociale : un vécu subjectif et collectif, point d'entrée et symptôme de processus de changement critique ; un état de fonctionnement à part entière, et non un simple dérèglement passager ; une trajectoire de changement qui voit l'émergence d'une idéologie gestionnaire et d'une modalité de l'action dirigeante en termes de rupture avec un passé jugé archaïque.
Au final, la compréhension de ces modes de transformation critique permet d'envisager la question de la sortie de crise, prenant appui sur la restauration de capacités d'apprentissage collectif. Une exploration de l'acteur dirigeant et des modes de pilotage du changement représente un des nombreux résultats de l'ouvrage pour éviter le recours à la figure héroïque et charismatique, symptomatique des périodes de crise.