Partant d'une relecture de Marx selon laquelle le
capitalisme est une forme de domination impersonnelle,
Moishe Postone rompt avec l'idée de «sujet»
propre au marxisme traditionnel. Refusant d'opposer
capitalistes, prétendus sujets dominants, et travailleurs,
prétendus sujets émancipateurs, il pose le capital
comme étant le vrai sujet, le «sujet automate» dont
l'humanité doit se libérer. Tâche difficile car, individuelle
ou collective, affirmative ou critique, toute
subjectivité est imprégnée par les structures sociales
du capitalisme. Une conscience oppositionnelle reste
possible, mais elle doit être suffisamment réflexive
pour rompre avec la pensée soumise au fétiche-capital
et éviter ainsi de tomber dans l'une ou l'autre des
fausses critiques du capitalisme, dont l'antisémitisme
moderne a été et reste malheureusement l'une des
manifestations les plus voyantes.