C'était le souhait d'Anatole Le Braz qu'un jour, un passionné comme lui de traditions populaires prenne à nouveau les chemins de l'Ankou afin de poursuivre son oeuvre magistrale au sujet des croyances et légendes de la mort. Après une trentaine d'années à enquêter dans la mémoire des anciens sur l'ensemble de la Bretagne, Daniel Giraudon vient de répondre à cet appel. Fidèle à sa méthode, il a recueilli une abondante moisson de témoignages dans la langue et les mots mêmes de ses informateurs. C'est ce qui fait déjà l'originalité de ce nouvel ouvrage et qui manquait sans doute chez son illustre prédécesseur.
Daniel Giraudon est allé traquer plus loin le personnage énigmatique de l'Ankou dans ses dimensions à la fois fantastiques et humaines. Il a retracé l'atmosphère d'une époque où les vivants et les morts vivaient proches les uns des autres et où, tout bruit insolite, tout rêve, toute vision nocturne, tout comportement inhabituel étaient interprétés comme la manifestation des puissances de l'au-delà, souvent des signes de mauvais augure. Il a noté l'importance du respect à l'égard des défunts, les « Anaon », dont on attend les bienfaits aussi bien sur la santé que sur la prospérité de la maison.
La Haute-Bretagne est également présente dans ce légendaire et des rapprochements sont établis avec les pays celtiques outre-Manche. Anatole Le Braz avait bien raison de penser qu'il restait encore beaucoup à moissonner dans ce domaine : « La mémoire des Bretons est inépuisable, plus on l'explore, plus on désespère d'en toucher le fond ». Ce n'est pas l'Ankou qui nous dira le contraire.