Si le séisme de la Shoah - qui entraîna
l'extermination de plus d'un million et demi
d'enfants - n'en finit pas d'interpeller la
conscience de l'humanité, cette «catastrophe»
sans précédent interroge en premier lieu la
foi et l'identité juives.
La démesure du mal a d'abord laissé sans
voix. Était-il permis de parler au nom des
victimes ? Et comment parler ? Ensuite,
d'immenses interrogations ont lentement fait surface. Quel est ce
Dieu étrangement absent ou silencieux alors que le peuple de son
alliance se faisait massacrer ? Le premier devoir de ce peuple n'est-il
pas désormais la survie ? Pour vivre, doit-il, peut-il redéfinir sa
relation à Dieu, son rapport à la Loi, sa place parmi les peuples ?
Telles sont les questions brûlantes qu'affrontent Emil
Fackenheim, Richard Rubenstein et Eliezer Berkovits, trois
penseurs juifs contemporains. Leurs écrits sont ici présentés,
traduits et commentés pour la première fois. L'éventail de leurs
réflexions illustre la diversité des courants qui traversent le
judaïsme d'aujourd'hui. La vigueur des débats entre eux et avec
d'autres penseurs, juifs et non-juifs, en Israël et dans la diaspora,
ne laisse pas indifférent.
Par-delà la Shoah, les lecteurs chrétiens, ceux d'Occident en
particulier, ne peuvent ignorer l'histoire souvent pénible des
rapports entre Église et Synagogue. Les voici invités à
s'interroger, dans la relation à leurs frères juifs, sur l'alliance et
l'élection, sur la fidélité et l'espérance.