C'est de la culture savante, c'est-à-dire, latine, scolaire et universitaire qu'il s'agit ici. Telle qu'elle se définit aux XIIe et XIIIe siècles, sur la base d'un stock canonique d'« autorisés », cette culture a des contours précis et des limites assez étroites. Mais à l'intérieur de celles-ci, elle a élaboré des méthodes de travail intellectuel d'une grande rigueur. C'est aussi de l'école urbaine et de l'université qui prend sa suite au XIIIe siècle, qu'il sera question. Sans remettre ouvertement en cause le contrôle traditionnel de l'Église, les institutions d'enseignement s'affinent aux XIIe et XIIIe siècles et acquièrent leur autonomie, non sans attirer bientôt, d'ailleurs, l'attention du prince. Transmission des savoirs et formation des hommes, recherche de la vérité et défense de l'orthodoxie, ces vocations souvent contradictoires sont également le fruit de l'essor scolaire. Des foyers majeurs - Paris, Bologne, Oxford - émergent, mais c'est tout autant la multiplication des studio secondaires et des petites écoles qui, en permettant partout l'élévation du niveau d'éducation des populations, balise les progrès de la culture écrite au Moyen Age. Et c'est bien de ces populations qu'en dernière instance nous aurons aussi à nous occuper. Car enseignement et culture n'évoluent que sollicitées par les attentes sociales, lesquelles peuvent à leur tour ressentir les effets des avancées éducatives et des mutations scolaires. Les relations sociales, les pratiques politiques, les attitudes religieuses portent la marque d'un arrière-plan culturel façonné dans les écoles et les universités. D'ailleurs, les gens de savoir, à travers la diversité de destinées quasi professionnelles - juristes, médecins, prédicateurs, secrétaires, etc. -, commencent aux XIIe et XIIIe siècles à installer en Occident sur le devant de la scène et à y imposer la renaissance des compétences intellectuelles comme facteur essentiel de l'ordonnancement social.