L'introduction récente, en France, des Cultural
Studies, semble s'être faite au prix de
l'oubli de leur hétérogénéité ; cette étiquette
englobante recouvre en effet des postures
intellectuelles, des contenus théoriques et des
rapports au politique fort différents. En ce
sens, la première traduction française de
Raymond Williams se voudrait une introduction
à un versant bien spécifique de cette
pensée critique. Si ce dernier est souvent
présenté, à juste titre, comme l'un des fondateurs
des Cultural Studies, il faut immédiatement
préciser qu'il envisage ces dernières
comme devant donner lieu à une théorie
matérialiste de la culture. La pensée de
Williams doit en outre être saisie comme un
effort permanent pour articuler travail
théorique - en inscrivant son oeuvre dans un
dialogue avec la tradition marxiste - et projets
d'émancipation. Si ce recueil ne peut constituer
qu'une brève introduction à l'oeuvre prolifique
de Williams, elle dessine néanmoins les
multiples directions et objets de son travail. De
son analyse des mouvements d'avant-garde à
la réélaboration des notions centrales de la
pensée marxiste - qu'il s'agisse du couple
base/superstructure ou de la nécessité de
penser les «moyens de communication comme
moyens de production» - en passant par la
considération de l'imaginaire produit par la
ville capitaliste, ce recueil entend donner à lire
une oeuvre tout à la fois plurielle - par ses
objets, ses préoccupations - et dotée d'une
forte unité théorique et politique - le matérialisme
d'une pensée toujours articulée à la
nécessité d'élaborer de nouvelles pratiques
politiques. Les Cultural Studies n'ont cessé
d'étudier la culture, pour Williams il s'agit
également de la transformer.