« Gilles Baudry est moine, Roland Machet est père de famille. Tous deux ont pris au sérieux la secrète alliance de l'infime et de l'immense. Ils nous proposent de prendre des sentiers qui dessinent sans l'imposer un itinéraire spirituel : d'abord regarder assez profondément le réel pour y déceler à la fois "les plaies d'un monde encore à naître" et "les empreintes digitales de Dieu" ; puis, dans ce monde ainsi habité par une présence et une promesse cachées, prendre les verbes de la langue et en faire autant d'étincelantes semences du Verbe : veiller, cheminer, dire, retrouver l'enfance engloutie et sa "gratitude ailée", libérer la louange ou durer dans la nudité du silence...
Tout au long de ce chemin, les sculptures de Roland Machet orchestrent les poèmes de Gilles Baudry. Tandis que l'un avance mot à mot, l'autre va pas à pas pour ramasser sur sa route un brin de bois ou un peu de glaise, les façonner en visage ou en danse, et évoquer par elles les "versets du vent" ou la "corolle" d'une oreille. Quant au lecteur, il va de l'un à l'autre, à l'un par l'autre, écoutant et regardant à la fois, et exauçant ainsi sans le savoir le projet claudélien d'un "oeil qui écoute". »
Dieu s'approche à travers le murmure des choses... Inversement, cette immense réalité humano-divine qu'est la vie mystique, la voici mise à portée de regard et comme à portée d'âme. Le lecteur attentif découvre alors qu'elle sourd de la vie la plus familière, et pour qui sait retrouver le regard d'enfance, un noeud de bois peut devenir « un froissement d'ailes ».