Hervé Guibert meurt le 27 décembre 1991, à l'âge de trente-six ans.
Personne n'a alors oublié sa voix quand, dix-huit mois plus tôt, Bernard Pivot l'avait invité à parler de son livre, À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie. Personne n'a oublié son visage apparu ce fameux soir à la télévision, comme si l'occasion s'était présentée de regarder le sida en face. Personne n'a oublié la mélancolie tendre et cruelle de ce jeune écrivain en train de mourir. La passion d'Hervé Guibert n'est pas politique, elle est métaphysique. Il ne brandit aucun drapeau, si ce n'est celui de la liberté singulière. Il est un caractère inclassable, insaisissable. Lui qui a eu l'audace de métamorphoser ses expériences intimes en récit apparaît, trente ans après sa mort, comme un « classique », auteur pourtant d'une oeuvre « barbare et délicate », en rupture de ban.
Dans son essai biographique, Maxime Dalle ne se contente pas d'évaluer grâce au recul du temps la portée et l'écho des textes d'Hervé Guibert ; de l'écrivain français, il restitue aussi la présence et le mystère.