Pourquoi jetons-nous la pierre aux marchands chez qui, pourtant, nous faisons
la queue, quoiqu'ils aient en boutique : des voitures, de la politique, des jeux,
du sport, des opinions ? Sans notre tendance à la servitude volontaire, comme
le disait déjà La Boétie il y a quatre siècles, ils n'auraient jamais pris le pouvoir,
alors pourquoi tant de haine ?
Parce que les marchands sont de fins renards et nous, des singes pas très malins.
Ils nous vendent ce dont nous ne pouvons pas nous passer : des croyances, et
notre propension au mimétisme fait le reste. Ils savent que toute influence a des
racines religieuses, et nous laissent endosser le rôle de l'homme moderne, cet
esprit fort si convaincu de n'être plus l'esclave d'aucun préjugé.
Ruse des uns, illusions des autres : forcément, au bal des singes, ce sont les
renards qui mènent la danse.
Y a-t-il un moyen de sortir de ce piège ?
Un seul : la lucidité.
Un essai vif et caustique qui entraîne le lecteur dans une cavalcade où le jeu des
idées n'oublie jamais de se ressourcer au plus profond des sciences humaines.