Longus
Daphnis et Chloé
Ses cheveux étaient noirs comme l'ébène, tombant sur son cou bruni par le hâle : on eût dit que c'était leur ombre qui en obscurcissait la teinte. Chloé le regardait, et lors elle s'avisa que Daphnis était beau ; et comme elle ne l'avait pas jusque-là trouvé beau, elle s'imagina que le bain lui donnait cette beauté. Elle lui lava le dos et les épaules, et en le lavant sa peau lui sembla si fine et si douce, que plus d'une fois, sans qu'il en vît rien, elle se toucha elle-même, doutant à part soi qui des deux avait le corps plus délicat. Comme il se faisait tard pour lors, le soleil étant déjà bien bas, ils ramenèrent leurs bêtes aux étables, et de là en avant Chloé n'eut plus autre chose en l'idée que de revoir Daphnis se baigner.