Davidiennes
Entre 1768 et 1825, Jacques-Louis David tient un atelier formant à la peinture d'histoire, genre noble et viril, où quatre cent cinquante jeunes gens se pressent durant plus d'un demi-siècle. Parmi eux, vingt-six femmes dont établir l'identité est une gageure tant « l'atelier féminin » de David est protéiforme et changeant.
En un temps où les bouleversements sociaux et politiques favorisent l'épanouissement des femmes peintres, « l'atelier féminin » de David est un lieu d'apprentissage pour des artistes, telles Guillemine Benoist, Constance Charpentier, Sophie Chéradame, Sophie Rude et Angélique Mongez mais aussi un lieu de sociabilité pour quelques mondaines, dont Charlotte Bonaparte et l'ex-Madame Tallien.
Simples élèves, collaboratrices ou encore inspiratrices, les artistes réalisent nombre d'oeuvres, allant du portrait aux grands formats historiques, ouvrent des ateliers d'enseignement et exposent pendant plusieurs décennies au Salon où elles sont en compétition avec leurs collègues masculins.
Ainsi Guillemine Benoist et Anne-Louis Girodet, parmi les plus brillants élèves de David, s'aventurent à présenter au public les portraits du Citoyen Belley (1797) et d'Une femme noire (1800), oeuvres en miroir, atypiques et virtuoses, représentant des modèles noirs. Les destins croisés de ces deux peintres mettent en perspective leurs carrières qui soulignent les entraves faites aux femmes artistes, aussi douées soient-elles, afin qu'elles ne puissent concurrencer les hommes sur le marché de l'art.
Les davidiennes et « l'atelier féminin » de David entrent ici dans la lumière.