La Hongrie des Habsbourg
Tome I de 1526 à 1790
Durant les trois siècles qui séparent le désastre de Mohács (1526), où l'élite politique a été massacrée, et la mort de Joseph II (1790), la Hongrie a conservé son caractère multiethnique et renforcé son caractère multiconfessionnel. Pendant deux siècles (1526-1699) le territoire hongrois a été partagé entre les Habsbourg (Hongrie royale), les Turcs (la Grande plaine) et la Transylvanie (protectorat ottoman). Seule la reconquête par les Impériaux après 1683 a permis la réunification du pays au profit des Habsbourg.
Face au péril mortel qu'avait représenté l'avance turque en Europe centrale, la noblesse hongroise avait en effet accepté, non sans réticence, l'intégration de la Hongrie dans la Monarchie des Habsbourg, héritiers des Jagellons. Mais c'était le début d'un long combat avec la Cour de Vienne pour conserver son autonomie grâce aux institutions représentatives (la diète), un exécutif autonome siégeant à Presbourg, et surtout grâce à la décentralisation administrative (les comitats nobles). Une partie de la noblesse a même tenté, à plusieurs reprises, de recouvrer son indépendance. Touchée en profondeur par la Réforme protestante, elle a défendu ses libertés confessionnelles contre la politique de Contre-réforme menée par les Habsbourg à partir de 1620. La reconquête a permis au XVIIIe siècle la reconstruction démographique, tandis que la reconstruction économique, qui se limita au secteur primaire (mines et agriculture) permettait l'expansion de l'architecture baroque. Après 1760, une réglementation générale a assuré la protection de la paysannerie et l'éducation a été modernisée. Bien que, dans l'immédiat, les réformes de Joseph II se soient soldées par un échec, « l'Ami des hommes » a implanté le goût du progrès dans les élites éduquées.