Sandor Ferenczi (1873-1933), le disciple le plus proche de Freud,
son «fidèle paladin et grand vizir secret», expérimente d'abord pour
le compte du maître la technique active ; puis il entre en dissidence,
discrète puis ouverte. Pendant les cinq dernières années de sa vie, il va
jeter les bases d'une nouvelle conception de la doctrine et de la
technique psychanalytiques centrées sur un retour à la théorie
traumatique. Donald Winnicott (1896-1971), le premier pédiatre-analyste,
d'abord élève de Mélanie Klein, sera son véritable héritier :
il produira ainsi l'une des oeuvres majeures du corpus psychanalytique
contemporain.
Il est habituel de présenter les grandes fondations post-freudiennes
soit comme des déviations (point de vue de l'orthodoxie freudienne),
soit, ainsi qu'elles se conçoivent elles-mêmes, comme des extensions
(Klein, Reich), des révisions (Jung, Ferenczi) ou des amplifications
(Lacan) de l'oeuvre de Freud. Cette approche trop exclusivement
centrée sur leur relation à Freud voile l'originalité spécifique de ces
fondations, leur autonomie structurale, au-delà de l'étayage initial sur
l'oeuvre du Fondateur. On s'est au contraire efforcé ici de restituer leur
cohérence et leur fécondité par une analyse de leurs présupposés
fondamentaux tout d'abord, mais aussi de leur abord de la cure et de
leur apport clinique propres - dégageant ainsi la foncière pluralité du
champ psychanalytique.