De Gaulle et les élites
Dans un pays où l'autorité, la légitimité et la place de l'État sont parfois mises en question et où de Gaulle apparaît de plus en plus comme le dernier grand champion de l'État au service du bien commun, le rapport singulier et ambivalent entretenu par le Général avec les élites de la nation revêt un caractère d'actualité.
S'il les juge indispensables à la vie nationale comme à l'efficacité de l'action de l'État, un des leitmotiv permanents de sa réflexion est la défaillance, voire la trahison, des élites traditionnelles et l'appel au réveil des élites, voire à l'émergence d'élites nouvelles, nécessaires au renouveau de la nation, à sa modernisation, à son avenir. Il reste que, de l'Appel du 18 Juin au référendum de 1969, en passant par la guerre d'Algérie, l'histoire de la geste gaullienne et de ses rapports avec les hauts fonctionnaires, les patrons, les militaires et les intellectuels se révèle riche et complexe, comme le montrent les auteurs de cet ouvrage.
En continuité avec les travaux patronnés depuis quatre décennies par l'Institut, puis Fondation Charles de Gaulle, cette avancée scientifique ouvre la voie à une réflexion symétrique sur le rapport au peuple qui, dans la pensée gaullienne, figure à l'opposé des élites. Elle sera prolongée par un Cahier de la Fondation Charles de Gaulle rassemblant les réflexions des acteurs et témoins sur la relation entre de Gaulle et les grands corps et grandes institutions de l'État.